
LA COMPAGNIE PROVISOIRE
Nous défendons un théâtre social c’est-à-dire un théâtre qui ne se contente pas de diffuser son répertoire mais qui, à travers des temps de transmission, partage au plus grand nombre l’esprit de liberté qu’apporte la pratique du théâtre. Très concrètement, nous allons à la rencontre d’un public très varié à travers nos spectacles certes, mais aussi de multiples actions culturelles. Et il n’y pas de hiérarchie qualitative quant à ces deux activités: notre objectif principal est de nous confronter collectivement à des sujets tabous et de « rompre le silence » qu’ils génèrent.
Notre activité se déploie ainsi à travers de multiples outils car aujourd’hui, le spectacle ne peut plus être le seul média d’une compagnie pour faire entendre sa parole. Pourquoi? Parce que le théâtre, la création, et la vie en compagnie, sont une manière singulière d’aborder le monde. Nous occupons de l’imaginaire et construisons de nouveaux récits. Notre activité ne peut pas être réduite à la présentation de spectacles car cela réduirait notre force d’impact
Très sensibles aux mouvements du monde, nous développons notre «manifeste de la compagnie provisoire» à travers des spectacles épurés, sans filets et désencombrés de toute machinerie. Il y est question de déterminisme et de singularité. Au-delà de la représentation, nos créations rendent compte de toutes celles et ceux qui, envers et contre tout, cherchent à se libérer de leurs carcans.
Dans les spectacles, il y a d’abord la relation entre les interprètes et les spectateurices: des êtres partagent une aventure humaine.
Il y a ensuite ce que l’on raconte. C’est une responsabilité. Il faut traiter du monde, de la solitude, des injustices et des violences. Violences familiales, conjugales, morales, professionnelles, religieuses, sociales ou politiques. Il faut absolument en parler. Rompre le silence. Il faut conjurer tout ça. Pour le faire, nous nous emparons des histoires des autres. Nous en conservons ce qui nous semble en être l’essentiel. Et nous les partageons. De manière directe et brute.
Nous suivons deux pistes, «Pour en finir avec les classiques» et «On peut détourner le regard». La première s’empare d’œuvres classiques pour traiter de problématiques sociétales, et la deuxième témoigne d’un certain malaise social à travers des écritures contemporaines.
Nous jouons partout. Dans des théâtres mais pas seulement. Nous voulons atteindre le plus de monde possible. Nous investissons des territoires. Nous les occupons. Nous rencontrons les gens. Le théâtre est une affaire de relation et ne connaît pas de limites. Au contraire.