Le Roi Lear [chronique] d’après Shakespeare
Le Roi Lear [Chronique] est porté par un choeur à quatre voix: deux femmes et deux hommes. Et les femmes portent la figure des pères. Il n’ y a plus d’identification possible. Seule l’émotion demeure. Les interprètes sont dans un âge de passage: ils regardent grandir leurs enfants et partir leurs parents. Ils continuent de construire un monde qui pourtant leur échappe.
Tout nous rappelle que nous sommes au théâtre. L’espace est vide. Nous sommes dans un salle de spectacle. Nous sommes aux prises avec le temps singulier du théâtre. Puis le poème shakespearien se déploie. Les confrontations se multiplient. Elles se bousculent. Il est question de vieillesse, de mort, d’héritage, de pouvoir, de transmission, d’intégrité, de jalousie, de légitimité et d’amour filial.
Ils sont seulement quatre pourtant tout le théâtre est envahi par cette minuscule troupe. Tout le théâtre plonge dans la tempête. Tout le théâtre est perdu. Tout le théâtre devient Lear. Tout le théâtre va retrouver de son humanité.
Shakespeare n’explique rien. «Rien ne peut venir de rien» dit le Roi Lear au début de la pièce. Et c’est de ce rien que va naître tout le théâtre.